mardi 11 août 2015

Guinée Bissau : L’instabilité au bout…..des urnes

En Guinée Bissau, l’instabilité était au bout des fusils avec des coups d’Etats à répétition qui ont jalonné la marche de cet Etat depuis son indépendance en 1975. Aujourd’hui, l’instabilité a changé de fusil d’épaule pour venir des urnes. La récente crise politique que connait ce pays depuis la dissolution du gouvernement en fin de semaine dernière, n’est pas venue des rangs de l’armée qui a été pendant longtemps, le « cancer » de ce pays. « Une divergence de vue » entre le président José Mario Vaz et son Premier ministre risque de faire revenir la Guinée Bissau dans ces vieilles habitudes. Chassez le naturel, il vous désobéit… Après les élections libres et démocratiques, organisées en 2014, ce pays semblait marcher vers une stabilité qui lui permettra de faire face à de nouveaux défis engendrés par  toutes ces années de rébellion et de coups d’Etat. Alors que la fumée annonçant la nouvelle ère pour la Guinée Bissau ne s’est pas encore dissipée, un autre feu couve dans ce pays qui a été longtemps considéré comme un « narco-Etat ». Devenu une plateforme du trafic international de drogue qui avait fini de consumé toute son élite politique et militaire, ce pays est devenu dépendant des crises politico-militaires. Des situations loin du parcours du Cap Vert, un pays avec qui la Guinée Bissau a connu la même trajectoire. Indépendants la même année, 1975, suite au combat idéologique et militaire mené par Amilcar Cabral sous la bannière du Paigc (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert), ces deux pays étaient partis sur les mêmes bases. Mais aujourd’hui, au moment, où le Cap Vert se trouve dans les hits parades des pays adulés pour leur démocratie et la bonne gouvernance, la Guinée Bissau se morfond dans les abysses des Etats tombés en faillite. La confidence d’un homme politique capverdien semble expliquer  ce paradoxe. « La différence entre le Cap Vert et la Guinée Bissau se trouve sur le niveau d’éducation de leur peuple. Au Cap Vert, après l’indépendance, l’accent était mis sur l’éducation. Ce qui n’était pas le cas en Guinée Bissau ». Ce manque d’éducation et surtout de la culture de l’Etat, ont  fait que ce pays a été laissé à la merci de sa classe politique immature et aussi de son armée, pléthorique et rongée par la corruption. La classe politique bissau-guinéenne a ainsi une lourde responsabilité pour ce pays sorte de la dépendance qu’il a avec l’instabilité politique. Le renouvellement générationnelle à la tête du Paigc et de l’élite politique, avait fait penser que le conflit entre vétérans de la guerre d’indépendance et civils, allait être oublié. Cette nouvelle crise institutionnelle, fait tomber ce pays dans l’habitude d’un drogué accroc à sa dose. Il faut donc à la Guinée Bissau une désintoxication qui fera sortir de ces gênes toute instabilité politique et militaire. L’initiative de médiation menée par les Chefs d’Etat sénégalais et guinéen, Macky Sall et Alpha Condé, aidera peut-être à dépasser cette crise que on l’espère ne sera que passagère. Ce pays à la reconstruction encore chancelante risque de ne pas s’en relever…..      

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