En Guinée Bissau,
l’instabilité était au bout des fusils avec des coups d’Etats à répétition qui
ont jalonné la marche de cet Etat depuis son indépendance en 1975. Aujourd’hui,
l’instabilité a changé de fusil d’épaule pour venir des urnes. La récente crise
politique que connait ce pays depuis la dissolution du gouvernement en fin de
semaine dernière, n’est pas venue des rangs de l’armée qui a été pendant
longtemps, le « cancer » de ce pays. « Une divergence de
vue » entre le président José Mario Vaz et
son Premier ministre risque de faire revenir la Guinée Bissau dans ces vieilles
habitudes. Chassez le naturel, il vous désobéit… Après les élections
libres et démocratiques, organisées en 2014, ce pays semblait marcher vers une
stabilité qui lui permettra de faire face à de nouveaux défis engendrés par toutes ces années de rébellion et de coups
d’Etat. Alors que la fumée annonçant la nouvelle ère pour la Guinée Bissau ne
s’est pas encore dissipée, un autre feu couve dans ce pays qui a été longtemps
considéré comme un « narco-Etat ». Devenu une plateforme du trafic
international de drogue qui avait fini de consumé toute son élite politique et
militaire, ce pays est devenu dépendant des crises politico-militaires. Des
situations loin du parcours du Cap Vert, un pays avec qui la Guinée Bissau a
connu la même trajectoire. Indépendants la même année, 1975, suite au combat
idéologique et militaire mené par Amilcar Cabral sous la bannière du Paigc
(Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert), ces
deux pays étaient partis sur les mêmes bases. Mais aujourd’hui, au moment, où
le Cap Vert se trouve dans les hits parades des pays adulés pour leur
démocratie et la bonne gouvernance, la Guinée Bissau se morfond dans les
abysses des Etats tombés en faillite. La confidence d’un homme politique
capverdien semble expliquer ce paradoxe. « La différence entre le
Cap Vert et la Guinée Bissau se trouve sur le niveau d’éducation de leur
peuple. Au Cap Vert, après l’indépendance, l’accent était mis sur l’éducation.
Ce qui n’était pas le cas en Guinée Bissau ». Ce manque d’éducation et surtout
de la culture de l’Etat, ont fait que ce pays a été laissé à la merci de sa
classe politique immature et aussi de son armée, pléthorique et rongée par la
corruption. La classe politique bissau-guinéenne a ainsi une lourde
responsabilité pour ce pays sorte de la dépendance qu’il a avec l’instabilité
politique. Le renouvellement générationnelle à la tête du Paigc et de l’élite
politique, avait fait penser que le conflit entre vétérans de la guerre d’indépendance
et civils, allait être oublié. Cette nouvelle crise institutionnelle, fait
tomber ce pays dans l’habitude d’un drogué accroc à sa dose. Il faut donc à la
Guinée Bissau une désintoxication qui fera sortir de ces gênes toute
instabilité politique et militaire. L’initiative de médiation menée par les
Chefs d’Etat sénégalais et guinéen, Macky Sall et Alpha Condé, aidera peut-être
à dépasser cette crise que on l’espère ne sera que passagère. Ce pays à la reconstruction
encore chancelante risque de ne pas s’en relever…..
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