mardi 4 août 2015

CARNET DE ROUTE......... SUR LES TRACES DE CHEIKH AHMADOU BAMBA AU GABON


Dans le cadre d’un programme de visite au Gabon dirigé par Serigne Mame Mor Mbacké Mourtada, un voyage a été organisé dans les lieux de passage de Cheikh Ahmadou Bamba. Les villes de Libreville, Lambaréné et Port Gentil ont été visité. Mayumba n’en faisait pas partie du fait du mauvais état de la piste d’atterrissage de cette ville.




LIBREVILLE.Un matin de novembre dans la capitale gabonaise. La ville vit les heures de ce qu’on appelle ici  « le petit hivernage ». Cette petite saison de pluies qui vient avant l’hiver avec fines gouttes d’eaux qui arrosent cette ville de l’Afrique équatoriale. Comme dans les toutes les villes africaines, le matin est synonyme de denses trafics sur les axes routiers principaux. Le Boulevard du Général De Gaulle qui dessert le centre ville de Libreville ne fait pas exception. Située en face de l’océan, cette grande route mène au centre ville en venant de l’aéroport Léon Mba et des autres quartiers de Libreville comme Okala ou Okoundjé. L’emplacement des édifices publics et autres ministères ressemble bien à celui de Dakar. Tous sont situés dans un même périmètre comme c’est le cas pour le Plateau de Dakar. En face du palais présidentiel surnommé «  le Palais de Bord de Mer », une vielle passerelle en dur qui a pris de l’âge de jette vers l’océan. C’est sur ce site qui faisait office de débarcadère au temps colonial que le paquebot Ville-de-Pernambouc a accosté en septembre 1895  avec à son bord Cheikh Ahmadou Bamba qui venait d’être déporté dans ce territoire de l’Afrique Equatoriale Française. En plus de la présidence de la République du Gabon, l’ancien débarcadère fait face à la galerie d’Art Malaïka et les locaux de la banque BGFI. En compagnie d’un guide, Massaer Fall, membre de la commission culture de l’Association des Journées Culturelles Cheikh Ahmadou Bamba, une visite des lieux où Cheikh Ahmadou Bamba à Libreville, est organisée pour un groupe de pèlerins. Après le débarcadère cap au Mémorial Léon Mba situé non loin de la place de l’indépendance. Le site qui fait face aujourd’hui à la mosquée centrale Hassan II était une base militaire coloniale où Cheikh Ahmadou Bamba a vécu quelques temps après son arrivée avant d’être transférée sur une autre garnison militaire qui se trouve à Montagne Sainte. Comme son nom l’indique, le quartier Montagne Sainte qui est bâti sur l’une des nombreuses collines que comptent Libreville. « On l’appelait déjà Montagne Sainte avant l’arrivée du Cheikh à Libreville parce c’était une demeure de missionnaires chrétiens » explique Massaer Fall. Montagne Sainte avait aussi une garnison militaire. Cheikh Ahmadou Bamba y passé beaucoup de temps lors de son séjour à Libreville qui n’a duré que 3 mois. « Malgré qu’il a vécu peu de temps à Montagne Sainte, le Cheikh eu a subi beaucoup d’humiliations et de vexations de la part des colons » poursuit Massaer Fall. Parmi ces humiliations, celle qui reste toujours dans l’hagiographie mouride, c’est la tentative de fusillade que voulaient perpétrer les colonisateurs sur cette même place. Sur ce site, Cheikh Ahmadou Bamba a aussi affronté d’autres humiliations comme sa mosquée de fortune détruite par l’un de ces geôliers qui voulait l’empêcher de prier. Aujourd’hui ce lieu abrite une mosquée entièrement construite par la communauté mouride du Gabon. L’édifice religieux, bâti sur une superficie de plus de 1000 m2 comprend trois niveaux. Un sous-sol avec une salle polyvalente, une bibliothèque, un local technique et des toilettes. Il y a aussi un appartement de 4 pièces toujours dans le sous-sol. La salle de prière principale se trouve au premier niveau surplombé d’une mezzanine, c'est-à-dire d’un étage intermédiaire ménagé à l'intérieur d'une pièce de grande hauteur avec une salle de prière pour       femmes.
D’un coût estimé à plusieurs centaines de millions, il est érigé sur un lieu qui compte beaucoup pour la communauté mouride vivant au Gabon. Anciennement occupée, avant l’arrivée de Cheikh Ahmadou Bamba, par des missionnaires catholiques (d’où le nom de Montagne Sainte), cette zone abritait aussi une garnison militaire où Khadim Rassoul fut interné durant son séjour à Libreville. Le guide religieux sénégalais venait de débarquer au Gabon en 1895, en provenance du Sénégal. Son séjour en terre gabonaise a duré 7 ans, dont 3 mois passés à Libreville.
L’inauguration de la mosquée Montagne Sainte est ainsi  considérée comme un grand événement, parce qu’étant la consécration d’un grand rêve de tous les mourides basés au Gabon. Commencée depuis plus d’une dizaine années, la construction de la mosquée, placée sous la direction de Cheikh Amar, un entrepreneur sénégalais établi à Libreville, a mobilisé plusieurs efforts venant de la diaspora mouride du Gabon. C’est pourquoi, cette fin des travaux est considérée « comme une victoire » pour la plupart d’entre eux.
 LAMBARENE. Pour rallier la 4ème ville du Gabon après Libreville, Port Gentil et Franceville, il faut partir de bonne heure. La distance qui sépare Lambaréné et Libreville avoisine presque 250 kilomètres. Le voyage pour cette ville s’annonçait donc rude pour les nombreux visiteurs qui voulaient se recueillir sur certains sites de Lambaréné où Cheikh Ahmadou Bamba a passé deux ans de 7 années d’exil au Gabon. La  caravane de Libreville pour Lambaréné a pris départ au quartier Batavia, siège de l’association des Journées Culturelles Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon. Sur place, une longue file de minibus de la société de transport public du Gabon, la Sogatra. Partie vers 10 heures, la caravane prend son départ en longeant certains quartiers est de Libreville. Une occasion pour de nombreux voyageurs de contempler le paysage de relief accidenté de la capitale gabonaise avec des zones hauts percés et d’autres marqués des ravinements. Certains sénégalais se posent des questions sur le mode de vie dans ces quartiers situés dans des bas fonds avec les nombreuses pluies qui tombent sur Libreville. « Il y a un bon réseau d’assainissement ici. Ce qui fait que les eaux de pluies disparaissent vite. Mais dans certains quartiers non assainies, il y a des problèmes d’inondations » rétorque Assane Beye, un sénégalais établi au Gabon et qui sert de guide. Sitôt sortie des embouteillages de Libreville, la caravane s’ébranle sur la route qui mène à Lambaréné. Une route qui présente un état dégradé sur une grande partie. Après une dizaines de kilomètres de trajet, place à une forêt luxuriante qui encadre la route des deux cotés. Plusieurs villes s’enchaînent avec des noms exotiques. Des scènes de vie aussi dans les hameaux placés le long de la route. Des femmes sac de rafias au dos marchant vers la forêt. Sur la route, des camions chargés de bois croisent la caravane. Dès fois, l’état de la route oblige les chauffeurs à faire des détours. Dans la voiture, les commentaires vont bon train sur la distance, la forêt, l’hostilité du climat dans cette zone tropicale. Après plus de trois heures de route, la caravane atteint enfin Lambaréné. La fatigue se lit dans le visage de tous les caravaniers.  «  Cheikh Ahmadou Bamba a dû vivre plus difficile encore que cela. Toutes les routes qui ont été préparées ici n’existaient pas à son époque. Il n’y avait qu’un seul passage qui passe de l’autre côté et qui était vraiment beaucoup plus difficile que par ici. Je me demande même comment ils ont fait pour amener Cheikh Ahmadou Bamba dans un endroit aussi difficile d’accès  » explique Assane Beye. Lambaréné est la dernière étape de l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon. Après avoir fait 5 ans à Mayumba, il  a atterrit à Lambaréné dans cette ville traversée par le fleuve Ogooué. La maison du Cheikh située dans l’ancienne résidence des autorités coloniales a disparu. Aujourd’hui sur ce lieu se trouve une maison avec en face une succursale de la Caisse de Nationale de Sécurité Sociale du Gabon. Le Cheikh descendait de la bàs pour aller faire ses ablutions sur le rivage de l’Ogooué  à quelques mètres de la résidence. Trois manguiers ont poussé à cet endroit symbolique. 
Dans une grande ferveur mouride, beaucoup de membres de la caravane s’adonnent à des ablutions. D’autres remplissent leurs bouteilles avec l’eau du fleuve comme souvenir de Lambaréné.  Avec des chefs religieux en provenance de Touba et d’autres familles religieuses du Sénégal, Serigne Mame Mor  Mbacké Mourtada dirige ainsi une procession à travers les rues de Lambaréné pour visiter tous les sites de passage de son grand père.  Le maire de la ville, Mme Langouée Denise qui a organisé une cérémonie en l’honneur de  la délégation sénégalaise a promis faire des réhabilitations de certains sites historiques pour immortaliser le passage de Cheikh Ahmadou Bamba.                                                               
CAP LOPEZ. Situé au sud du Gabon, Port Gentil n’est accessible que par voie aérienne ou maritime. C’est pour dire qu'aller dans la capitale économique du Gabon n’est pas chose aisée. La desserte maritime étant la plus prisée, plusieurs bateaux assurent ainsi la liaison entre Port Gentil et Libreville. La gare maritime qui était l’ancien port de Libreville est le point de départ pour tout voyageur voulant se rendre dans la ville pétrolière. Pour les besoins de la visite des pèlerins mourides à Port Gentil, un bateau, l’Isafold a été affrété. Commandé par un sénégalais, Maguette Diop, originaire de Mbour, ce bateau fait la navette tous les jours en prenant départ le matin vers 7 heures à Libreville. De 5 heures de temps, la traversée se passe sans problème. Une fois arrivée à Port Gentil, la délégation dirigée par Serigne Mame Mor Mbacké est accueillie le dahira mouride de la ville. Direction après à Cap Lopez, situé à une dizaine de kilomètres de Port Gentil. Cap Lopez qui s’enfonce dans l'océan Atlantique, est le point le plus occidental de la côte gabonaise et la limite méridionale du golfe de Guinée. Il accueille le plus grand terminal pétrolier du Gabon. Des énormes citernes avec l’effigie de Total Gabon sont là pour dire qu’on est dans une ville pétrolière. Des cabanes de pêcheurs font face à l’emplacement de Total Gabon. Des béninois et togolais habitent la zone depuis des décennies selon l’explication d’un malien rencontré sur le site. Pour aller à la plage du Cap où Cheikh Ahmadou Bamba avait transité en provenance de Mayumba, il faut traverser le village des pêcheurs ainsi que leurs champs de jardinage. S’ouvre après une petite plage au sable fin. L’endroit est paradisiaque pour le tourisme balnéaire mais les talibés mourides songent à s’y recueillir et à formuler des prières. A la tête de la délégation, Serigne Mame Mor  Mbacké Mourtada y dirige la prière du crépuscule au grand bonheur des membres du dahira qui n’ont pas hésité à y entonner des khassaides dans ce coin perdu du Gabon.



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