En Guinée Bissau,
l’instabilité était au bout des fusils avec des coups d’Etats à répétition qui
ont jalonné la marche de cet Etat depuis son indépendance en 1975. Aujourd’hui,
l’instabilité a changé de fusil d’épaule pour venir des urnes. La récente crise
politique que connait ce pays depuis la dissolution du gouvernement en fin de
semaine dernière, n’est pas venue des rangs de l’armée qui a été pendant
longtemps, le « cancer » de ce pays. « Une divergence de
vue » entre le président José Mario Vaz et
son Premier ministre risque de faire revenir la Guinée Bissau dans ces vieilles
habitudes. Chassez le naturel, il vous désobéit… Après les élections
libres et démocratiques, organisées en 2014, ce pays semblait marcher vers une
stabilité qui lui permettra de faire face à de nouveaux défis engendrés par toutes ces années de rébellion et de coups
d’Etat. Alors que la fumée annonçant la nouvelle ère pour la Guinée Bissau ne
s’est pas encore dissipée, un autre feu couve dans ce pays qui a été longtemps
considéré comme un « narco-Etat ». Devenu une plateforme du trafic
international de drogue qui avait fini de consumé toute son élite politique et
militaire, ce pays est devenu dépendant des crises politico-militaires. Des
situations loin du parcours du Cap Vert, un pays avec qui la Guinée Bissau a
connu la même trajectoire. Indépendants la même année, 1975, suite au combat
idéologique et militaire mené par Amilcar Cabral sous la bannière du Paigc
(Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert), ces
deux pays étaient partis sur les mêmes bases. Mais aujourd’hui, au moment, où
le Cap Vert se trouve dans les hits parades des pays adulés pour leur
démocratie et la bonne gouvernance, la Guinée Bissau se morfond dans les
abysses des Etats tombés en faillite. La confidence d’un homme politique
capverdien semble expliquer ce paradoxe. « La différence entre le
Cap Vert et la Guinée Bissau se trouve sur le niveau d’éducation de leur
peuple. Au Cap Vert, après l’indépendance, l’accent était mis sur l’éducation.
Ce qui n’était pas le cas en Guinée Bissau ». Ce manque d’éducation et surtout
de la culture de l’Etat, ont fait que ce pays a été laissé à la merci de sa
classe politique immature et aussi de son armée, pléthorique et rongée par la
corruption. La classe politique bissau-guinéenne a ainsi une lourde
responsabilité pour ce pays sorte de la dépendance qu’il a avec l’instabilité
politique. Le renouvellement générationnelle à la tête du Paigc et de l’élite
politique, avait fait penser que le conflit entre vétérans de la guerre d’indépendance
et civils, allait être oublié. Cette nouvelle crise institutionnelle, fait
tomber ce pays dans l’habitude d’un drogué accroc à sa dose. Il faut donc à la
Guinée Bissau une désintoxication qui fera sortir de ces gênes toute
instabilité politique et militaire. L’initiative de médiation menée par les
Chefs d’Etat sénégalais et guinéen, Macky Sall et Alpha Condé, aidera peut-être
à dépasser cette crise que on l’espère ne sera que passagère. Ce pays à la reconstruction
encore chancelante risque de ne pas s’en relever…..
mardi 11 août 2015
mercredi 5 août 2015
« LE CLASICO »... PAR-DELA RONALDO ET MESSI…
Un demi-milliard de téléspectateurs à travers le monde,
quatorze nationalités représentées sur le terrain, plus de 800 journalistes
accrédités venant de divers d’horizons ! Quel événement sportif au monde
peut faire mieux que le « clasico » Real de Madrid - Barcelone ?
Le traditionnel plus gros match du monde a vécu cette saison et comme pour les
précédentes avec un déchaînement de passion, de ferveur et d’enthousiasme au
stade Santiago Bernabeu de Madrid, dans les ruelles de Barcelone, devant les
postes téléviseurs éparpillés aux quatre coins du monde, sur les réseaux
sociaux. Partout,il n’était question que de la performance de Benzema, des
débuts « prometteurs » de l’ex-banni Luis Suarez, des ratés du
défenseur Piqué,« plus prompt à suivre les envolées de sa bien-aimée
Shakira que des attaquants du Real de Madrid »…
Le
« clasico » c’est aussi cela. Du people aux questions politiques
comme les velléités indépendantistes catalanes face au centralisme étatique espagnol.
Le « clasico »,c’est l’opposition de 22 acteurs d’une rencontre sur-médiatique
en direct et en mondovision avec une mise en scène et un suspense dignes d’une
production hollywoodienne. C’est aussi une opposition entre le bling-bling et
la simplicité, la capitale contre la province, le centralisme étatique face à
l’autonomie régionale, Adidas versus Nike...Mais la plus grande opposition qui
a aujourd’hui donné à ce match une dimension planétaire, c’est surtout celle
entre les deux meilleurs joueurs du monde. Le Portugais Cristiano Ronaldo et
l’Argentin Lionel Messi se côtoient au sommet du football européen et mondial
depuis presque 10 ans. À eux deux, ils ont remporté les 6 derniers Ballons d’or,
consacrant le meilleur joueur du monde. Sur les réseaux sociaux, la popularité
de ces deux stars tutoie celle des chanteurs ou acteurs américains. A eux deux,
ils totalisent presque 200 millions de fans sur Facebook, le Portugais
devançant légèrement l’Argentin.
Regarder le
« clasico », c’est donc disséquer les gestes techniques de ces deux,
épier leurs performances et leur talent individuel mis au service d’un
collectif et qui feront les titres de la presse spécialisée durant toute une
semaine. A défaut d’être des dieux, ils sont les nouveaux saints du monde….
Regarder le « clasico », c’est également constater à quel point le
football peut être un puissant instrument de division, mais aussi un
unificateur unique dans ce nouveau monde marqué par des enjeux multiples.
J’ai suivi le match en compagnie de compatriotes
sénégalais dans un salon de coiffure de mon quartier tenu par des
ressortissants guinéens. Au bout de la nette victoire du Real, les supporters
de la « Maison blanche », comme sur les travées de Santiago Bernabeu,
se sont congratulés vantant les mérites de leur équipe. Tandis que les vaincus
se perdaient en conjectures et autres critiques sur l’arbitrage, la méforme de
Piqué que « Shakira doit laissert ranquille », selon l’un d’eux. Le
tout dans une ambiance joviale, faisant même oublierqu’aux premières heures
du « cas importé » d’Ebola de Guinée, une certaine suspicion et une
réelle méfiance s’étaient installées entre Sénégalais et Guinéens. Qu’il est
puissant le foot ! Qu’il est unique le « clasico » !
REAL DE MADRID/BARCELONE, « CLASSICO » ET CHOC DE TITANS: De Por la Grande Via à……. Hlm Grand Médine
Ce match de football Real de Madrid/FcB Barcelone est à chaque fois qu'il vient le sujet de
discussions sur les terrasses de café de la célèbre avenue Por la Grande Via de
Madrid, que beaucoup de collégiens sénégalais connaissent. Et est le même que
partout dans le monde. Des
grands-places de mon quartier natal de Diamaguène à Thiès, à mon lieu de
travail, en passant par le
salon de coiffure de mon quartier
de résidence à HLM Grand Médine tenu par des ressortissants guinéens, il ne sera
question que des forces et faiblesses des deux plus grands clubs de football du
monde. Ah
cette mondialisation du foot qui efface les barrières et rapproche les peuples……
Considéré comme un village planétaire, le monde sera
aussi le temps d’un samedi, une seule tribune du Santiago Bernabeu, où vont se
côtoyer les inconditionnels des Blaugrana et les fans des galactiques. Le
traditionnel « classico » espagnol- qui veut sans doute dire
classique en français – sera à l’origine des paris les plus osés,
occasionnera des débats passionnés, et suscitera des points de vues les plus
contradictoires. Ce derby est néanmoins identique à ceux qui se déroulent
actuellement dans le monde et qui met aux prises souvent deux équipes aux
traditions différentes. Le hautain et condescendant Paris Saint Germain contre
le rebelle et insoumis Olympique de Marseille en France. Le fantasque
Fenerbahçe contre le bouillant Galatasaray pour la
Turquie. Le bourgeois River Plate contre l’ouvrière Boca Juniors au niveau de
l’Argentine. L’aristocrate Manchester United contre l’émergent Manchester City
en Angleterre. Ou plus près de chez nous(et très loin dans nos esprits)l’indigène Diaraf de Dakar contre la
métropolitaine Jeanne d’Arc……
La rencontre Real de Madrid contre FC Barcelone
est aussi celle de toutes les contradictions. De deux visions du football
différentes. De deux styles de vie qui se vouent une certaine haine et/ou
estime réciproque. Le Real de Madrid est l’équipe de la capitale de l’Espagne.
La capitale, souvent, regarde de haut la province, qu’elle a tendance à prendre
pour un faire-valoir. L’esprit du Réal Madrid ne trahit pas ces clichés qu’on colle
souvent aux habitants des capitales. L’équipe madrilène est une rencontre de
plusieurs touches qui, avec une fusion assez réussie, fait naitre un bon
produit qu’on appelle sans préjugé : « la Maison blanche ». Une
maison qui, à travers les âges, cherche toujours à rassembler les meilleurs
footballeurs du monde. Lors de sa première présidence (2000-2006), Florentino
Perez théorisait « l’ère des galactiques ». C’est-à-dire, la possibilité
de réunir dans l’équipe madrilène, le maximum de Ballons d’or ou à tout le
moins les meilleurs joueurs de l’espace UEFA (Ronaldo, Zidane, Beckham, Figo,
Owen,). Dans sa deuxième présidence (2009-), il est venu avec les mêmes idées
soutenu par un principe : acheter chaque année le meilleur joueur du
championnat anglais, français, allemand ou italien. C’est dans cette optique
qu’il a fait venir Cristiano Ronaldo de Manchester United pour 94 millions
d’euros, Kaka du Milan AC pour 66 millions d’euros, Karim Benzema de Lyon
pour 35 millions d’euros, Gareth Bale de Totenham pour 91 millions et
presque la même somme pour faire venir le colombien James Rodriguez juste auteur d’un magnifique
but au dernier Mondial . Les folies du chéquier…. Cette option a certes des limites
sur le plan sportif, mais elle continue de donner au Real Madrid une aura
au-delà même des frontières européennes. Ce qui est fondamental pour le concept
de « sport business » qui sous-tend actuellement le football. En
usant au maximum du merchandising, le Real Madrid arrive à amortir les sommes
colossales investies sur les jambes des meilleurs joueurs de monde. Les
résultats sportifs arriveront après. Peut-être…
« La
Mine d’or »
Le FC Barcelone rappelle le mec de la province
qui se bat avec les moyens dont il dispose, use de rajouts pour combler ce qui
fait défaut, afin d’arriver à un produit fini de qualité. Barcelone s’applique
ce principe dans son équipe de football qui est aujourd’hui la meilleure au
monde. Façonné par un certain, Johan Cruijff, le modèle barcelonais part
de la formation, maillon essentiel pour réussir dans tous les domaines. La
Masia, le centre de formation de l’équipe catalane, que la presse sportive
espagnole appelle souvent « la mine d’or », est un vrai gisement de
talents. L’illustration la plus parfaite en est la pépite argentine Lionel Messi, arrivé à l’âge de 13 ans à la
Masia et qui, aujourd’hui, est le seul jour quadruple ballon d’or. Avec la
possibilité d’en décrocher, un
historique cinquième. A côté des « produits maison », moulés dans
l’identité catalane de la gagne, le FC Barcelone fait aussi venir
d’autres talents disséminés à travers le monde pour combler les manques et
surtout « pouvant intégrer le système de la maison ». A l’image du
Camerounais Samuel Eto’o, du Brésilien Ronaldinho. Aujourd’hui du brésilien
Neymar ou d’autres encore qui ont
contribué à écrire la légende du FC Barcelone.
Ce modèle basé sur la formation qui permet à
tous les acteurs de l’équipe de prendre le temps de se connaître, est en train
de faire tache d’huile un peu partout. Et pas seulement en football. Car le
sport ibérique en général domine actuellement les compétitions du monde. Ce qui
n’est pas si anodin que cela. La sélection espagnole de basket est de
celles qui dominent la balle au panier aux niveaux européen, olympique et même
mondiale. Et, en clubs, Barcelone et le Real de Madrid (tiens- tiens) sont souvent présent dans le tableau final du
basket des clubs européens. Le tennis, avec Rafael Nadal, brille au plus
haut niveau. L’automobile n’est pas en reste avec Fernando Alonso. Sans
oublier le cyclisme avec Alberto Contador ; même si pour ce dernier, les
choses ne sont pas si clean que ça…
Barça – Real , c’est donc LE match de
l’année puisqu'il est à chaque décisif dans l’attribution du titre de champion
d’Espagne. Mais, ce n’est que LE match avant, peut-être, les prochains. Car,
les deux grands d’Espagne ont de grosses chances de se retrouver pour disputer
les trophées nationaux cette saison (Liga et Copa Del Rey) et européen (Ligue
des champions). On comprend dès lors pourquoi ces deux équipes, classées comme
les meilleures au monde, comptent des supporters partout à travers la Planète
Foot. A commencer par l’auteur de ces lignes qui est un fan chronique de l’une
des deux. Un collègue a eu la bonne idée d’être inconditionnel de l’autre
équipe. Côte à côte, nous regarderons ce « classico » avec tout ce
qu’une telle « cohabitation » implique de passion, d’engueulades, de
discussions voire de dispute. Mais, la sportivité et le fairplay finiront
toujours par reprendre le dessus. Le plus normalement du monde. Après tout, ce
n’est que du sport, qui
transperce les frontières et les cœurs…..
mardi 4 août 2015
CARNET DE ROUTE......... SUR LES TRACES DE CHEIKH AHMADOU BAMBA AU GABON
Dans
le cadre d’un programme de visite au Gabon dirigé par Serigne Mame Mor Mbacké
Mourtada, un voyage a été organisé dans les lieux de passage de Cheikh Ahmadou
Bamba. Les villes de Libreville, Lambaréné et Port Gentil ont été visité.
Mayumba n’en faisait pas partie du fait du mauvais état de la piste
d’atterrissage de cette ville.
LIBREVILLE.Un
matin de novembre dans la capitale gabonaise. La ville vit les heures de ce
qu’on appelle ici « le petit hivernage ». Cette petite saison
de pluies qui vient avant l’hiver avec fines gouttes d’eaux qui arrosent cette
ville de l’Afrique équatoriale. Comme dans les toutes les villes africaines, le
matin est synonyme de denses trafics sur les axes routiers principaux. Le
Boulevard du Général De Gaulle qui dessert le centre ville de Libreville ne fait
pas exception. Située en face de l’océan, cette grande route mène au centre
ville en venant de l’aéroport Léon Mba et des autres quartiers de Libreville
comme Okala ou Okoundjé. L’emplacement des édifices publics et autres
ministères ressemble bien à celui de Dakar. Tous sont situés dans un même
périmètre comme c’est le cas pour le Plateau de Dakar. En face du palais
présidentiel surnommé « le Palais de Bord de Mer », une vielle
passerelle en dur qui a pris de l’âge de jette vers l’océan. C’est sur ce site
qui faisait office de débarcadère au temps colonial que le paquebot Ville-de-Pernambouc
a accosté en septembre 1895 avec à son bord Cheikh Ahmadou Bamba qui
venait d’être déporté dans ce territoire de l’Afrique Equatoriale Française. En
plus de la présidence de la République du Gabon, l’ancien débarcadère fait face
à la galerie d’Art Malaïka et les locaux de la banque BGFI. En compagnie d’un
guide, Massaer Fall, membre de la commission culture de l’Association des
Journées Culturelles Cheikh Ahmadou Bamba, une visite des lieux où Cheikh
Ahmadou Bamba à Libreville, est organisée pour un groupe de pèlerins. Après le
débarcadère cap au Mémorial Léon Mba situé non loin de la place de
l’indépendance. Le site qui fait face aujourd’hui à la mosquée centrale Hassan
II était une base militaire coloniale où Cheikh Ahmadou Bamba a vécu quelques
temps après son arrivée avant d’être transférée sur une autre garnison
militaire qui se trouve à Montagne Sainte. Comme son nom l’indique, le quartier
Montagne Sainte qui est bâti sur l’une des nombreuses collines que comptent
Libreville. « On l’appelait déjà Montagne Sainte avant l’arrivée du Cheikh
à Libreville parce c’était une demeure de missionnaires chrétiens »
explique Massaer Fall. Montagne Sainte avait aussi une garnison militaire.
Cheikh Ahmadou Bamba y passé beaucoup de temps lors de son séjour à Libreville
qui n’a duré que 3 mois. « Malgré qu’il a vécu peu de temps à Montagne
Sainte, le Cheikh eu a subi beaucoup d’humiliations et de vexations de la part
des colons » poursuit Massaer Fall. Parmi ces humiliations, celle qui
reste toujours dans l’hagiographie mouride, c’est la tentative de fusillade que
voulaient perpétrer les colonisateurs sur cette même place. Sur ce site, Cheikh
Ahmadou Bamba a aussi affronté d’autres humiliations comme sa mosquée de fortune
détruite par l’un de ces geôliers qui voulait l’empêcher de prier. Aujourd’hui
ce lieu abrite une mosquée entièrement construite par la communauté mouride du
Gabon. L’édifice religieux, bâti sur une superficie de plus de 1000 m2
comprend trois niveaux. Un sous-sol avec une salle polyvalente, une
bibliothèque, un local technique et des toilettes. Il y a aussi un appartement
de 4 pièces toujours dans le sous-sol. La salle de prière principale se trouve
au premier niveau surplombé d’une mezzanine, c'est-à-dire d’un étage
intermédiaire ménagé à l'intérieur d'une pièce de grande hauteur avec une salle
de prière pour femmes.
D’un coût estimé à plusieurs centaines de millions, il est érigé sur un lieu qui compte beaucoup pour la communauté mouride vivant au Gabon. Anciennement occupée, avant l’arrivée de Cheikh Ahmadou Bamba, par des missionnaires catholiques (d’où le nom de Montagne Sainte), cette zone abritait aussi une garnison militaire où Khadim Rassoul fut interné durant son séjour à Libreville. Le guide religieux sénégalais venait de débarquer au Gabon en 1895, en provenance du Sénégal. Son séjour en terre gabonaise a duré 7 ans, dont 3 mois passés à Libreville.
D’un coût estimé à plusieurs centaines de millions, il est érigé sur un lieu qui compte beaucoup pour la communauté mouride vivant au Gabon. Anciennement occupée, avant l’arrivée de Cheikh Ahmadou Bamba, par des missionnaires catholiques (d’où le nom de Montagne Sainte), cette zone abritait aussi une garnison militaire où Khadim Rassoul fut interné durant son séjour à Libreville. Le guide religieux sénégalais venait de débarquer au Gabon en 1895, en provenance du Sénégal. Son séjour en terre gabonaise a duré 7 ans, dont 3 mois passés à Libreville.
L’inauguration de la mosquée Montagne
Sainte est ainsi considérée comme un
grand événement, parce qu’étant la consécration d’un grand rêve de tous les
mourides basés au Gabon. Commencée depuis plus d’une dizaine années, la
construction de la mosquée, placée sous la direction de Cheikh Amar, un
entrepreneur sénégalais établi à Libreville, a mobilisé plusieurs efforts
venant de la diaspora mouride du Gabon. C’est pourquoi, cette fin des travaux
est considérée « comme une victoire » pour la plupart d’entre eux.
LAMBARENE.
Pour
rallier la 4ème ville du Gabon après Libreville, Port Gentil et
Franceville, il faut partir de bonne heure. La distance qui sépare Lambaréné et
Libreville avoisine presque 250 kilomètres. Le voyage pour cette ville s’annonçait
donc rude pour les nombreux visiteurs qui voulaient se recueillir sur certains
sites de Lambaréné où Cheikh Ahmadou Bamba a passé deux ans de 7 années d’exil
au Gabon. La caravane de Libreville pour
Lambaréné a pris départ au quartier Batavia, siège de l’association des
Journées Culturelles Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon. Sur place, une longue file
de minibus de la société de transport public du Gabon, la Sogatra. Partie vers
10 heures, la caravane prend son départ en longeant certains quartiers est de
Libreville. Une occasion pour de nombreux voyageurs de contempler le paysage de
relief accidenté de la capitale gabonaise avec des zones hauts percés et
d’autres marqués des ravinements. Certains sénégalais se posent des questions
sur le mode de vie dans ces quartiers situés dans des bas fonds avec les
nombreuses pluies qui tombent sur Libreville. « Il y a un bon réseau
d’assainissement ici. Ce qui fait que les eaux de pluies disparaissent vite.
Mais dans certains quartiers non assainies, il y a des problèmes d’inondations »
rétorque Assane Beye, un sénégalais établi au Gabon et qui sert de guide. Sitôt
sortie des embouteillages de Libreville, la caravane s’ébranle sur la route qui
mène à Lambaréné. Une route qui présente un état dégradé sur une grande partie.
Après une dizaines de kilomètres de trajet, place à une forêt luxuriante qui
encadre la route des deux cotés. Plusieurs villes s’enchaînent avec des noms
exotiques. Des scènes de vie aussi dans les hameaux placés le long de la route.
Des femmes sac de rafias au dos marchant
vers la forêt. Sur la route, des camions chargés de bois croisent la caravane.
Dès fois, l’état de la route oblige les chauffeurs à faire des détours. Dans la
voiture, les commentaires vont bon train sur la distance, la forêt, l’hostilité
du climat dans cette zone tropicale. Après plus de trois heures de route, la
caravane atteint enfin Lambaréné. La fatigue se lit dans le visage de tous les
caravaniers. « Cheikh Ahmadou Bamba a dû vivre plus
difficile encore que cela. Toutes
les routes qui ont été préparées ici n’existaient pas à son époque. Il n’y
avait qu’un seul passage qui passe de l’autre côté et qui était vraiment
beaucoup plus difficile que par ici. Je me demande même comment ils ont fait
pour amener Cheikh Ahmadou Bamba dans un endroit aussi difficile d’accès »
explique Assane Beye.
Lambaréné est la dernière étape de l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba au
Gabon. Après avoir fait 5 ans à Mayumba, il
a atterrit à Lambaréné dans cette ville traversée par le fleuve Ogooué. La
maison du Cheikh située dans l’ancienne résidence des autorités coloniales a
disparu. Aujourd’hui sur ce lieu se trouve une maison avec en face une
succursale de la Caisse de Nationale de Sécurité Sociale du Gabon. Le Cheikh
descendait de la bàs pour aller faire ses ablutions sur le rivage de
l’Ogooué à quelques mètres de la
résidence. Trois manguiers ont poussé à cet endroit symbolique.
Dans une grande ferveur mouride, beaucoup de membres de la caravane s’adonnent
à des ablutions. D’autres remplissent leurs bouteilles avec l’eau du fleuve
comme souvenir de Lambaréné. Avec des
chefs religieux en provenance de Touba et d’autres familles religieuses du
Sénégal, Serigne Mame Mor Mbacké
Mourtada dirige ainsi une procession à travers les rues de Lambaréné pour
visiter tous les sites de passage de son grand père. Le maire de la ville, Mme Langouée Denise qui
a organisé une cérémonie en l’honneur de
la délégation sénégalaise a promis faire des réhabilitations de certains
sites historiques pour immortaliser le passage de Cheikh Ahmadou Bamba.
CAP
LOPEZ. Situé au sud du Gabon, Port Gentil n’est accessible que
par voie aérienne ou maritime. C’est pour dire qu'aller dans la capitale économique du
Gabon n’est pas chose aisée. La desserte maritime étant la plus prisée,
plusieurs bateaux assurent ainsi la liaison entre Port Gentil et Libreville. La
gare maritime qui était l’ancien port de Libreville est le point de départ pour
tout voyageur voulant se rendre dans la ville pétrolière. Pour les besoins de
la visite des pèlerins mourides à Port Gentil, un bateau, l’Isafold a été
affrété. Commandé par un sénégalais, Maguette Diop, originaire de Mbour, ce
bateau fait la navette tous les jours en prenant départ le matin vers 7 heures
à Libreville. De 5 heures de temps, la traversée se passe sans problème. Une
fois arrivée à Port Gentil, la délégation dirigée par Serigne Mame Mor Mbacké
est accueillie le dahira mouride de la ville. Direction après à Cap Lopez,
situé à une dizaine de kilomètres de Port Gentil. Cap Lopez qui s’enfonce dans l'océan Atlantique, est le point le plus occidental de la côte gabonaise
et la limite méridionale du golfe de Guinée. Il accueille
le plus grand terminal pétrolier du Gabon. Des énormes citernes avec l’effigie
de Total Gabon sont là pour dire qu’on est dans une ville pétrolière. Des
cabanes de pêcheurs font face à l’emplacement de Total Gabon. Des béninois et
togolais habitent la zone depuis des décennies selon l’explication d’un malien
rencontré sur le site. Pour aller à la plage du Cap où Cheikh Ahmadou Bamba
avait transité en provenance de Mayumba, il faut traverser le village des
pêcheurs ainsi que leurs champs de jardinage. S’ouvre après une petite plage au
sable fin. L’endroit est paradisiaque pour le tourisme balnéaire mais les
talibés mourides songent à s’y recueillir et à formuler des prières. A la tête
de la délégation, Serigne Mame Mor Mbacké Mourtada y dirige la prière du
crépuscule au grand bonheur des membres du dahira qui n’ont pas hésité à y
entonner des khassaides dans ce coin perdu du Gabon.
CARTE POSTALE/SAINT LOUIS / UNE VILLE .......DES VISAGES
Ville
de rencontre, d’échanges, de fête, de spiritualité, de savoirs. Saint Louis a
la particularité de rassembler autant d’éléments.
Saint
Louis, la fêtarde. Le trafic est dense sur le pont Faidherbe et
la procession des véhicules lente. Comme dans un défilé militaire, les voitures
se suivent lentement et espèrent prendre d’assaut la citadelle du Nord. Ce
bataillon de fêtards veut profiter de
l’ambiance et la grande affluence de ce début de week-end pour venir faire la
fête sur le « cœur de la ville ». Particularités de l’île. Elle est
séparée de la partie continentale de la ville par un trait d’union : le
pont Faidherbe qui croule sous le poids de l’âge. L’île concentre à la fois le quartier administratif
mais aussi les lieux de distraction les plus courus. Une kyrielle de bars ou
autres boites de nuits qui refusent comme les fêtards de fermer l’œil la nuit.
Au programme ce vendredi, soirée sénégalaise proposée par deux boites. La
Chaumière et le Papayer. Faut se trouver les attaches d’un bon chauffeur de
taxi. C’est connu, les taximens sont les meilleurs guides, quand il s’agit de
vouloir faire une randonnée nocturne dans une ville. Le notre de ce vendredi, accroché nous donne
des conseils. « Faut aller au Papayer d’abord et après terminer votre
soirée à la Chaumière». Bien suivi, ce conseil, nous mène à la première
boitée citée. Implanté à l’hydrobase, l’endroit nous dit-on a ouvert récemment
ses portes. Devant l’entrée, des percussions sont rangées. Signe que la soirée
sénégalaise proprement dite n’a pas encore débutée. L’intérieur donne
l’ambiance normale d’une boite de nuit. La fumée de cigarette et l’odeur de
l’alcool vous accueille en premier. La sonorisation diffuse des tubes
sénégalais. Sur la piste, quelques déhanchements de jeunes filles en tenue bien
légères. Une lumière tamisée permet des voire un peu les visages des clients.
Le bar entouré. Il faut se trouver une bonne place pour superviser tout ce
déploiement. Entre une soirée sénégalaise qui tarde à terminer et les heures
qui s’égrènent, faut aller à la chaumière pour voir ce qui se présente là-bas.
Située à côté du quartier des pêcheurs de Guet Ndar et en face de la mer,
la Chaumière est un lieu de rencontre
bien prisé par les fêtards de la ville. Ici, la
soirée sénégalaise a débuté. Des rythmes endiablées distillées par une
batterie de tam-tam ne laissent personne indifférente. Dans une parfaite
harmonie, la clientèle féminine se déchaîne. Les lueurs de l’aube ne sont pas
loin et faut se coucher pour préparer la journée du samedi. Elle sera comme
celle de la veille avec une plus grande intensité. Avec le festival
« In », « Off » , la
palette de choix est garnie. Il en sera de même pour le dimanche dans tout Saint Louis. Duran trois jours, on a
l’impression de vivre dans une ville animée et sans sommeil.
Saint
louis, la religieuse. Samedi
matin, l’allée centrale de l’île, est toujours occupée par la foire. La route
est barrée. Les nombreux cars qui ont
franchi le pont la matinée doivent contourner la mythique Place
Faidherbe pour gagner Guet Ndar et les autres quartiers. Des sirènes et
gyrophares bruissent dans les rues de l’île par intermittence. De grands bus continuent de déverser des lots de
pèlerins dans la ville. Ils sont la plupart habillés en blancs. Dès fois, ce
sont des convois aux rythmes de chants religieux Tidianes. Il en sera ainsi
toute la matinée du samedi. Des arrivées incessantes de véhicules. Des bruits
de sirènes sporadiques. Un des convois attire l’attention. Il est constitué de
plusieurs véhicules. Sur le toit d’un d’eux est juché deux individus. Ils
tiennent une grande photo avec l’effigie d’un grand marabout Tidianes. Serigne
Babacar Sy, premier Khalif de El hadji Malick Sy. Renseignement pris, ces pèlerins sont venus
pour un gamou Tidiane annuel. « Gamou de Cheikh », il s’appelle. Cet
événement, nous dit-on fait parti des plus grands de la ville de Saint Louis.
La religieuse. Il a été institué par le Khalif Serigne Babacar Sy qui
entretient un lien particulier avec la ville de Saint Louis. Le gamou se
déroule « le plus souvent à la Pointe Nord de l’île » Le premier
Khalif de El hadji Malick Sy est natif de la vielle cité. C’est lui d’ailleurs
nous informe-t-on qui a institué ce gamou et qui est devenu aujourd’hui une
grande manifestation annuelle de rencontre entre les Tidianes de Saint Louis et
ceux des autres régions du Sénégal. C’est connu, Saint Louis est une ville de
rencontre et de passage d’éminents hommes de Dieu et d’érudits de la trempe d’
El hadji Malick Sy et Cheikh Ahmadou Bamba. Le passage de ce dernier dans la
vielle cité est commémorée chaque année par
le Magal des deux Rakkas. Evénement phare du calendrier mouride qui se
déroule en dehors de Touba, « les 2 Rakkas » rassemblent le 05
septembre de chaque année, des milliers de fidèles mourides venus célébrer cet
acte de bravoure de Cheikh Ahmadou Bamba dans le bureau du gouverneur
coloniale. L’actuelle gouvernance où s’est déroulé cet acte fait l’objet de
visite chaque année à la même période. A coté de la gouvernance, une grande
bâtisse fait face au fleuve. Peint en
jaune, elle abrite l’église de Saint Louis. Sur la plaque, on peut y lire
qu’elle date de 1919.
Saint
Louis, la militaire et la studieuse. Sur la route qui mène à la
sortie de Saint Louis en direction du Fouta, une bretelle est à gauche. Sur le
tableau signalétique situé sur la route nationale, il y est inscrit Bango. Pour
aller dans ce site, il faut longer la brettelle. Traverser une végétation
composée de longs palmiers et autres rôniers, quelques habitations et puis cap
sur les différents camps militaires du site. Dans le bus qui nous amène, une
image frappe les passagers qui ne manquent pas de l’immortaliser par des
photos. Des jeunes recrues sont en cours de marche militaire. Vu leur démarche
rythmée par des pas cadencée, on sent nettement qu’elles viennent d’arriver
dans ce mythique centre d’instruction des Armées. Dans le périmètre militaire,
plusieurs camps. Celui du 22ème Bataillon de Reconnaissance et
d’Appui (Bra), le 12ème
Bataillon d'Instruction, plus connu sous le nom de Dakar Bango. Au fond
de la route, nous sommes devant le Prytanée militaire de Saint Louis comme il
est inscrit sur le fronton de la grande porte. Deux militaires y sont postés.
Certains élèvent sont en tenue officielle de l’école. Dans la cour de l’école,
des adolescents de différents âges. On distingue les plus jeunes avec leurs
visages frêles où on sent une certaine fatigue. Leur école qui accueille les
élèves de la 6ème à la Terminale fait partie des meilleures au
Sénégal. Ici on truste avec les 100 % de réussite aux examens du Bfem et du
Bac. Le Concours Général est aussi une de leur spécialité. Crée en 1923, sous
l'appellation d'École des Enfants de Troupe de Saint Louis du Sénégal, le PMS a
d’abord pris prend ses quartiers à Saint
Louis. En 1946
il est transféré au camp de Dakar Bango et reçoit en 1953
l’appellation d’École Militaire Préparatoire Africaine. Suite à l'indépendance
du Sénégal, il prend le nom officiel, en 1962, de Prytanée
Militaire Charles N'Tchorere mais est plus connu aujourd'hui sous l'appellation
Prytanée militaire de Saint Louis. Sur cette même route qui mène à la sortie de
la ville et à 10 minutes de Saint Louis , l’Université Gaston Berger. La grande
tour de sa bibliothèque est visible au loin. Juste à l’entrée, une statuette du
parrain et aussi une stèle avec une plume et des pages d’un cahier. Sur la
plaque d’inauguration, il y est écrit que cette université qu’elle
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