En septembre 2013, lors d’un voyage en Côte d’ Ivoire, je n’ai pas pu visiter, contrairement à d’autres collègues journalistes, la station balnéaire de Grand Bassam. Que je fus déçu, quand mes collèges y sont revenus en me décrivant la beauté de ce coin de paradis niché sur la bande maritime ivoirienne. Leurs clichés pris sur la plage me rappelèrent les scènes de vie touristique mêlant ambiance africaine et détente européenne. Une vraie cohabitation culturelle. Que j’aurais aimé visiter cette terre tant chantée dans l’hagiographie mouride. Grand Bassam a été un point d’escale de Cheikh Ahmadou Bamba lors de son exil au Gabon. Cheikh Moussa Ka, ce grand poète du mouridisme nous le raconte dans son récit sur l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba « Jasaawu Sàkkoor : Yonnu Géej Gi ». Ce qui fait que Grand Bassam, terre de passage du saint homme, aujourd’hui ceinte de douleurs et souillée par le sang des innocents, est proche de nous sénégalais….
Aujourd’hui le terrorisme religieux qui a pris en otage le monde déroute plus d’un sur l’indifférenciation des victimes et des lieux d’attaque. Vrai marqueur des relations internationales, ce nouveau terrorisme religieux que les spécialistes de la question qualifient de « troisième génération » impressionne de par son ancrage national. Il n’est plus question de terroristes venus d’ailleurs, d’autres planètes ou du ciel pour attaquer des pays qui ne sont pas les leurs. Le recrutement est aujourd’hui local et ses répercussions globales. Tachons dans nos pays à veiller à ce que ce terrorisme religieux n’ait pas un terreau fertile pour son recrutement et ses appels du pied à notre jeunesse. Le premier rempart est certes sécuritaire, mais il ne suffit pas pour venir à bout de ce nouveau fléau. Il faut attaquer le mal à la racine, dit-on souvent. Au delà de la solution conjoncturelle qu’est la sécurité (qui est l’affaire de tous), nos pouvoirs publics doivent aussi mettre en place de bonnes politiques publiques d’éducation et d’emploi afin que les sirènes des appels du radicalisme religieux soient loin de notre jeunesse……
Grand Bassam, de même que la menace terroriste, semblaient être loin de nous. Mais tout le monde est d’accord qu’elle se rapproche davantage de notre pays. Prions que le Bon Dieu l’en éloigne pour de bon. Pendant ce temps, retournons à ce que beaucoup considèrent comme notre force sur le plan religieux. Le dialogue confessionnel ou dialogue inter-religieux. Ce moment de Carême chrétien est très symbolique dans notre esprit de tolérance et d’ouverture. Quel est ce musulman qui ne réclame pas « son Ngalakh » à son frère et ami chrétien ? Preuve que ce pays a des ressorts qui peuvent le prémunir du radicalisme religieux. Essayons de préserver ce legs légendaire renforcé au fil des années à travers le plat de « Ngalakh ». L’autre ressort qui peut nous aider à faire face à la poussée du radicalisme religieux, c’est notre islam soufi incarné par nos grands saints que nous continuons à vénérer au fil des générations. Cheikh Ahmadou Bamba, El hadji Malick Sy, Seydina Limamoulaye entres autres saints nous ont enseigné un islam de paix, de dialogue, de tolérance. Retournons à leurs enseignements, vrais viatiques dans ce monde tourmenté…
Hommage à tous les victimes de ceux qui utilisent la religion pour commettre de sales besognes. Qu’ils habitent ou soient morts à #Bassam#Bamako, #Bruxelles, #Burkina, #Bataclan, nous pensons à eux ce vendredi saint chez les Musulmans et les Chrétiens qui préparent Pâques.
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