Dans
un portrait publié dans « Le Soleil »
du 01 octobre 2013, nous avions parlé de Jacob Zuma comme d’« Un homme de combat(s) ».
L'homme qui est devenu le troisième président de l'Afrique du Sud post-apartheid
risque de quitter le pouvoir de la même manière que son prédécesseur Thabo Mbeki. Une ironie du sort. Une ironie de l’histoire
politique, d’un pays qui a une histoire particulière. L’actuel président avait
usé des mêmes méthodes avec certains caciques de l’ANC qui cherchent
aujourd’hui à tout prix de l’évincer.
Comme
quoi cette vieille maxime romaine disant que celui qui se sert de l'épée périra
par l'épée, est aussi valable en démocratie.
Jacob Zuma, un homme au parcours académique limité, a pu compenser cela par sa
carapace de grand combattant. Combattant de la période d’apartheid. Ce qui lui
a valu de longs séjours en prison en même temps que le père de la Nation Arc en
ciel, Nelson Mandela. Une vie de combat(s) qui a aussi fait qu’il jouit d’une
grande estime au sein de tous les cercles dirigeants de l’African national congress
(Anc), qui ont tous joué un rôle de bouclier
quand des accusations étaient portées sur lui en 2007. Thabo Mbeki, son
prédécesseur au pouvoir était accusé de vouloir lui barrer la route. Avec son
tempérament de guerrier zoulou, soutenu par garde prétorienne de l’époque,
composée de ses traditionnels soutiens,
Jabob Zuma est venu à bout de tous les écueils dressés contre lui pour
l'empêcher d'arriver au pouvoir. Même après l’apartheid, l’homme gardait ainsi
son flegme combattif hérité sans doute à son appartenance zoulou. Une ethnie connue pour sa tradition guerrière
et….. libertaire dans ses mœurs. Tout cela,
c’était hier. Aujourd’hui, c’est une autre réalité qui fait face à Jacob Zuma.
La réalité du pouvoir. De sa conquête à sa perte. Ses amis d’hier, devenus ses
ennemis d’aujourd’hui, ont ainsi compris toute sa tactique de combat et
semblent le mener à l’échafaud, malgré ses quelques sursauts d’orgueil. Jacob
Zuma qui a ainsi épuisé toutes cartouches, est en train de voir ses lignes de
défenses tombées une par une. Sa tentative de contrôle de l’Anc avec la
candidature de son ex-femme, n’a pas prospéré et il s’est mis à dos beaucoup de
ses anciens alliés comme Julius Maléma, l’ancien leader des jeunes de l’Anc. Aujourd’hui contraint à la démission dans les
cercles dirigeants de l’Anc, comme ils en avaient avec Thabo Mbeki à la 2008, Zuma
risque une sortie pas honorable au vu son parcours de combattant. Une fin
triste à peu près comparable à son allié Robert Mugabe. Cette sortie de scène
de Jacob Zuma, si elle est actée comme le veut l’Anc ne sera qu’un épisode de
plus du théâtre que joue ce parti depuis le départ de Mandela du pouvoir. A
l’avant-garde de la lutte contre l’apartheid qui a dominé l’Afrique du Sud
pendant des années, l’Anc n’a pas pu réussir sa transition de mouvement de
lutte en parti au pouvoir. Un vice très africain pour ces nombreux mouvements
de libération du continent, qui tant dans le fond et la forme, ont porté des
idéaux de justice, de démocratie, d’équité. Depuis la fin de l’apartheid en 1994 et
l’entrée de l’Afrique du Sud dans une vraie démocratie, l’Anc a été à la tête
du pays gagnant ainsi toutes les élections qui se sont organisées. Mais depuis
quelques années, cette suprématie politique s’effrite d’élection en élection
avec en corolaire une gestion catastrophique des affaires publiques. Entre
crise politiques à répétition, scandales économiques à profusion, le parti de
Mandela n’offre au monde qu’une image de luttes de clans digne du scénario de
la saga cinématographique « Le Parrain ». Des héritiers qui entre
haine, lutte de
pouvoir en coulisses, se donnent en spectacle au moment où l’Afrique du Sud a
besoin d’une grande maturité de sa classe politique. L’Afrique du Sud, comme un grand corps malade
est ainsi souvent victime de crises épileptiques. On espère que cette crise
sera la dernière pour permettre à ce pays de jouer son vrai rôle en Afrique. Un
rôle de leader économique et politique….