jeudi 11 janvier 2018

SERIGNE MOUNTAKHA MBACKE BASSIROU : Le Khalif de la continuité




Si Serigne Mouhamadou Lamine Bara Falillou a inauguré l’ère des petits fils Khalifs, Serigne Sidy Moctar était surnommé le « Khalif de la renaissance spirituelle » en référence au titre de l’ouvrage écrit sur lui par son neveu, porte-parole permanant et assistant personnel, Serigne Cheikh Thioro Mbacké. Serigne Mountakha Mbacké Bassirou lui pourrait être considéré comme le Khalif de la continuité. Tant il était présent dans la sphère décisionnelle de Touba depuis qu’il occupe le titre de Khalif de la concession paternelle de Darou Minam, fief de la famille de son père, Serigne Bassirou Mbacké ibn Cheikh Ahmadou Bamba. La tâche ne sera pas donc difficile eu égard à sa grande proximité avec ses grands frères qui l’ont devancé à la tête de la communauté mouride, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Falillou et Serigne Sidy Moctar. Ces derniers avaient fait de lui un proche collaborateur, un confident et homme  de confiance. Ce qui a fait que Serigne Mountakha a été au cœur du pouvoir à Touba ces dernières années. A Touba et dans les principales concessions familiales de la famille de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Mountakha  a fini de faire l’unanimité autour de sa personne. D’abord, de par sa piété, sa simplicité et son grand sens des relations familiales. Une chose facilitée certainement par la place qu’occupe son défunt père Serigne Bassirou dans la marche du mouridisme. Quatrième fils de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Bassirou Mbacké, est né peu de temps après le départ de son père en exil en 1895. Ainsi il n’a rencontré la première fois son père qu’à son retour d’exil. Cela n’affectera guère leur relation car Serigne Bassirou a été le fils qui aura plus passé de temps avec Cheikh Ahmadou Bamba, à son retour d’exil et dans ses différents lieux de résidence surveillée, Diourbel et Thièyene Djolof. Une proximité avec son père qui a renforcé son engagement au service du mouridisme et ses excellentes relations avec tous ses frères. Une proximité qui lui a donné la légitimité de produire l’une des biographies les plus connues de Cheikh Ahmadou Bamba, « Les bienfaits de l'Eternel ». Un ouvrage qui comme celui d’un autre disciple et contemporain de Cheikh Ahmadou Bamba, « L'Abreuvement du Commensal dans la Douce Source d’amour du Serviteur » de Serigne Mouhamadou Lamine Diop « Dagana », fait partie des livres les plus utilisés par ceux qui font des recherches sur la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. C’est cet héritage spirituel, intellectuel et relationnel laissé par son père Serigne Bassirou, que Serigne Mountakha perpétue depuis 2007, quand il a succédé à son grand frère, Serigne Moustapha Bassirou, à la tête de la concession familiale de Darou Minam. Une famille de Darou Minam qui a aussi en charge de la gestion de la ville de Porokhane, où est enterrée Mame Diarra Bousso, la mère du  fondateur du mouridisme. C’est à ce titre de patriarche de la concession de Darou Minam, que Serigne Mountakha, préside à Diourbel, tous les mois de Ramadan, la lecture du Fulkul Mashoun. Ce recueil de poèmes  de Cheikh Ahmadou Bamba qui est lu tous les jours du mois de ramadan. Une pratique initiée par son père, Serigne Bassirou, que Serigne Mountakha a continué à perpétuer. Serigne Mountakha n’aura pas donc à beaucoup apprendre en sa qualité de Khalif Général des mourides, tant sa vie a été moulée aux préceptes du mouridisme. Rien aussi dans sa démarche, ne va différer de celle de son prédécesseur Serigne Sidy Moctar, c’est-à-dire l’adoration de Dieu, le culte du travail, conformément aux enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba. Même dans le choix des hommes qui vont l’accompagner, il va sans doute suivre les pas de Serigne Sidy Moctar, qui avait instauré un partage des responsabilités  et un savant dosage en faisant appel à toutes les familles religieuses de Touba pour la gestion des affaires de la cité religieuse. Très lié à l’actuel porte-parole, Cheikh Bassirou Abdou Khadre Mbacké, qui porte d’ailleurs le nom de son père, Serigne Mountakha, a, dit-on à Touba, contribué à sa reconduction comme porte-parole et président du comité d’organisation du Magal, à l’accession de Serigne Sidy Moctar comme Khalif. C’est dire qu’à Touba, les hommes passent et l’institution qu’est le mouridisme va davantage demeurer….


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