Si Serigne Mouhamadou
Lamine Bara Falillou a inauguré l’ère des petits fils Khalifs, Serigne Sidy
Moctar était surnommé le « Khalif de la renaissance spirituelle » en
référence au titre de l’ouvrage écrit sur lui par son neveu, porte-parole
permanant et assistant personnel, Serigne Cheikh Thioro Mbacké. Serigne
Mountakha Mbacké Bassirou lui pourrait être considéré comme le Khalif de la
continuité. Tant il était présent dans la sphère décisionnelle de Touba depuis
qu’il occupe le titre de Khalif de la concession paternelle de Darou Minam,
fief de la famille de son père, Serigne Bassirou Mbacké ibn Cheikh Ahmadou
Bamba. La tâche ne sera pas donc difficile eu égard à sa grande proximité avec
ses grands frères qui l’ont devancé à la tête de la communauté mouride, Serigne
Mouhamadou Lamine Bara Falillou et Serigne Sidy Moctar. Ces derniers avaient
fait de lui un proche collaborateur, un confident et homme de confiance. Ce
qui a fait que Serigne Mountakha a été au cœur du pouvoir à Touba ces dernières
années. A Touba et dans les principales concessions familiales de la famille de
Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Mountakha a fini de faire l’unanimité autour de sa
personne. D’abord, de par sa piété, sa simplicité et son grand sens des
relations familiales. Une chose facilitée certainement par la place qu’occupe
son défunt père Serigne Bassirou dans la marche du mouridisme. Quatrième fils
de Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Bassirou Mbacké, est né peu de temps après le
départ de son père en exil en 1895. Ainsi il n’a rencontré la première fois son
père qu’à son retour d’exil. Cela n’affectera guère leur relation car Serigne
Bassirou a été le fils qui aura plus passé de temps avec Cheikh Ahmadou Bamba,
à son retour d’exil et dans ses différents lieux de résidence surveillée,
Diourbel et Thièyene Djolof. Une proximité avec son père qui a renforcé son
engagement au service du mouridisme et ses excellentes relations avec tous ses
frères. Une proximité qui lui a donné la légitimité de produire l’une des
biographies les plus connues de Cheikh Ahmadou Bamba, « Les bienfaits de
l'Eternel ». Un ouvrage qui comme celui d’un autre disciple et contemporain
de Cheikh Ahmadou Bamba, « L'Abreuvement du Commensal dans la Douce Source
d’amour du Serviteur » de Serigne Mouhamadou Lamine
Diop « Dagana », fait partie des livres les plus utilisés par
ceux qui font des recherches sur la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba.
C’est cet héritage spirituel, intellectuel et relationnel laissé par son père
Serigne Bassirou, que Serigne Mountakha perpétue depuis 2007, quand il a
succédé à son grand frère, Serigne Moustapha Bassirou, à la tête de la
concession familiale de Darou Minam. Une famille de Darou Minam qui a aussi en
charge de la gestion de la ville de Porokhane, où est enterrée Mame Diarra
Bousso, la mère du fondateur du
mouridisme. C’est à ce titre de patriarche de la concession de Darou Minam, que
Serigne Mountakha, préside à Diourbel, tous les mois de Ramadan, la lecture du Fulkul Mashoun. Ce recueil de
poèmes de Cheikh Ahmadou Bamba
qui est lu tous les jours du mois de ramadan. Une pratique initiée par son
père, Serigne Bassirou, que Serigne Mountakha a continué à perpétuer. Serigne
Mountakha n’aura pas donc à beaucoup apprendre en sa qualité de Khalif Général
des mourides, tant sa vie a été moulée aux préceptes du mouridisme. Rien aussi
dans sa démarche, ne va différer de celle de son prédécesseur Serigne Sidy
Moctar, c’est-à-dire l’adoration de Dieu, le culte du travail, conformément aux
enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba. Même dans le choix des hommes qui vont
l’accompagner, il va sans doute suivre les pas de Serigne Sidy Moctar, qui
avait instauré un partage des responsabilités
et un savant dosage en faisant appel à toutes les familles religieuses
de Touba pour la gestion des affaires de la cité religieuse. Très lié à
l’actuel porte-parole, Cheikh Bassirou Abdou Khadre Mbacké, qui porte
d’ailleurs le nom de son père, Serigne Mountakha, a, dit-on à Touba, contribué
à sa reconduction comme porte-parole et président du comité d’organisation du
Magal, à l’accession de Serigne Sidy Moctar comme Khalif. C’est dire qu’à Touba, les hommes passent et l’institution qu’est
le mouridisme va davantage demeurer….
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