Agé
de 51 ans, Yahya Jammeh à la tête de la Gambie depuis 1994, règne en bâtisseur
dans ce petit pays, enclave du Sénégal. Venu au pouvoir par un coup d’Etat, il
est devenu aujourd’hui un civil. Malgré ses multiples d’efforts en termes de
constructions d’infrastructure, les accusations d’atteintes aux droits de
l’homme se multiplient en Gambie.
Le 22 juillet 1994 est un
jour nouveau à Banjul. Habitués à voir la longue silhouette, les lunettes et
les costumes traditionnels de Dawda Jawara, les Gambiens se sont réveillés en
voyant des officiers en uniformes, au visage jeune, défilaient à la télé. Les Gambiens
avaient fini de se confondre dans l’image de sir Dawda Jawara, qu’il voyait
pavaner en ville, jouer au golf dans les circuits de Banjul, dans des
affiches…… et même dans les billets de banque, le dalasi. Depuis l’indépendance
de ce pays, enclavé au cœur du Sénégal, en 1965, la Gambie n’avait connu que
son premier président, Dawda Jawara, qui
était d’abord nommé Premier ministre par les colons britanniques sur le point
de quitter. Le régime de Dawda Jawara était stable quelque fois, secoué par des
putschs ou mutinerie comme celui de Kukoï Samba Sanha en 1981. Le grand frère
et voisin sénégalais était obligé d’intervenir pour rétablir l’ordre à Banjul.
Surfant sur un pays calme mais gangrené par la corruption, Dawda Jawara n’avait
pas vu venir le coup d’Etat de juillet
1994. Suite à leur participation à une mission de paix, un groupe de soldats
réclame leur prime au gouvernement. La manifestation débouche sur un putsch
sans effusion de sang. Un groupe de jeunes officiers prend le pouvoir et dépose
l’ancien président. Dans ce groupe, quelqu’un se signale. Beret renversé et
grosses lunettes noires, il s’appelle Yahya
Abdul-Aziz Jimmy Junking Jammeh. Simple lieutenant à cette époque, Jammeh
est choisi par ses compagnons d'armes
pour diriger leur « comité provisoire militaire ». Taille moyenne, Yahya Jammeh apparaît à la télé avec un
discours antioccidental et dénonciateur de la corruption. Le grand frère sénégalais
découvre ce jeune officier de 29 ans avec qui il devra composer comme voisin,
ainsi que les pays africains et la communauté internationale. On pense alors juste à des humeurs de soldats venus réclamer
leur primes et après ils vont regagner leurs caserne. On prédisait au comité
provisoire militaire et son chef, un avenir éphémère à la tête de cette
ancienne colonie britannique. Mais que non. C’est le comité provisoire
militaire qui n’aura pas un avenir. Mais son chef Yahya Jammeh est
toujours à la tête de cette enclave au cœur du Sénégal. Troquant son uniforme
au grand boubou amidonné de chef d’Etat et de parti, il a pris ses aises
maintenant à Banjul et y règne en vrai chef. Ainsi suite à plusieurs élections (1996, 2001, 2006,
2011), il est élu et réélu président. Il tient un discours teinté d’audace. Rien n’à voir avec le timide
lieutenant qui s’est présenté aux
gambiens un jour de juillet 1994.
Une
image de bâtisseur......
A la tête d’un petit pays de
11 295 km², le militaire Jammeh redevenu civil, a ses portraits géants
placardés dans des affiches aux quatre coins de Bathurst, devenu Banjul, de
Serrekunda, Brikama, Bakau. Son image
est partout présente même dans les hameaux les plus reculés. Mais c’est surtout
à Kanilaï que l’image de Jammeh est plus présente. Ce patelin situé au cœur de
la région ouest (Western Division) de ce pays, est devenu
aujourd’hui célèbre. C’est là qu’est né l’actuel président gambien, le 25 Mai 1965. Non loin de la frontière avec
le Sénégal, ce village est un lieu de résidence de Jammeh qui y a construit une
immense demeure. La carrière militaire de Jammeh commence d’abord par la police
qu’il a rejoint à titre privé en 1984. Il rejoindrait ensuite l’armée où il a
gravi les échelons. Simple sergent en 1984, il deviendra en 1986 instructeur de
formation d'escorte de la Police nationale. En 1987, il est devint officier cadet de l'armée
et étrenne le grade de sous-lieutenant
dans la même année. Il sera même chargé
de l'escorte présidentielle au niveau la Garde présidentielle en 1989. Il fera
ainsi partie de ceux qui assurent la sécurité du Président Diawara. Ce
Président qu’il renversa en 1994. Après ce putsch il est promu capitaine, puis
colonel, il a pris sa retraite de l'armée en 1996, pour se présenter la même
année à l’élection présidentielle qu'il
avait remportée au premier tour (55,76 % des voix) sous la bannière de son
parti, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC). Le
pays était donc vite revenu à un régime civil mais Yahya Jammeh
restait chef de ce petit Etat, même si certains observateurs avaient à l'époque
émis des doutes sur la transparence du scrutin.
A son arrivée au pouvoir, Yahya Jammeh s'était attaqué à la corruption qui, selon lui, gangrenait le pays du temps du régime vieillissant de Sir Dawda Jawara, renversé par le putsch de juillet 1994.
Il a ensuite mené à bien divers « grands projets », aéroport, université, hôpitaux, écoles, « grande arche » à Banjul, sans l'aide des bailleurs de fonds occidentaux mais avec celle de pays tels que la Libye, Cuba, l'Iran ou Taïwan. Fort d'un certain prestige, il a de plus en plus souvent fait référence dans ses discours à l'islam, au peuple et à la terre. Il aime à se présenter comme un paysan et passe parfois de longs moments dans son village natal.
A son arrivée au pouvoir, Yahya Jammeh s'était attaqué à la corruption qui, selon lui, gangrenait le pays du temps du régime vieillissant de Sir Dawda Jawara, renversé par le putsch de juillet 1994.
Il a ensuite mené à bien divers « grands projets », aéroport, université, hôpitaux, écoles, « grande arche » à Banjul, sans l'aide des bailleurs de fonds occidentaux mais avec celle de pays tels que la Libye, Cuba, l'Iran ou Taïwan. Fort d'un certain prestige, il a de plus en plus souvent fait référence dans ses discours à l'islam, au peuple et à la terre. Il aime à se présenter comme un paysan et passe parfois de longs moments dans son village natal.
.....Et de dictateur
Anciennement appelé
Bathurst, Banjul était une ville qui gardait avant l’arrivée de Jammeh au pouvoir,
des vielles bâtisses héritées de la colonisation. Aujourd’hui, cette ville a
complètement changé de visage. De nouvelles infrastructures, Un nouvel
aéroport, un hôpital, des monuments, une université, une station de télés
peuplent le décor à Banjul.
Incontestablement Yahya Jammeh a changé le visage de la Gambie. Il y mène une
lutte contre la corruption et commence à donner à son image de nouvelles
institutions. Mais ses grands projets ainsi que son désir de doter la Gambie de
nouvelles infrastructures sont ternis par une image de « dictateur »
et aussi « d’atteinte aux droits de l’homme ». Beaucoup
d’organisations dénoncent des manquements surtout au niveau de la liberté
d’expression. Le hic est atteint en décembre 2004 avec l’assassinat du journaliste
Deyda Hydara, très critique à l’égard du régime. Les organisations des droits
de l’homme avaient pointé du doigt les agents de sécurité nationale. Ce que Jammeh a
toujours nié. En dehors des journalistes, des opposants font l’objet de
menaces. En mars 2006, Jammeh affirme qu’il a été victime d’un putsch manqué et
accuse « des pays voisins ». Le Chef d'état-major de l’époque, le colonel Dure Cham, chef présumé du complot, fuit
vers Sénégal
voisin, tandis que d'autres conspirateurs présumés ont été arrêtés et ont été
traduits en justice. Aujourd’hui, Jammeh âgé de 51 ans et marié à une
Marocaine, qui est à son quatrième mandat
présidentiel depuis les élections de 2006, règne en maitre à Banjul, à Kanilaï
et dans tout le reste du pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire