vendredi 6 septembre 2019

Violences en Afrique du Sud : Mêmes causes, mêmes conséquences, mêmes séquences




La dernière séquence de la série de haine contre les étrangers en Afriques a des conséquences au-delà même de la cohésion sociale dans ce pays appelé à raison, et peut-être à tort comme une nation arc-en-ciel. Les images à la fois déroutantes et humiliantes défilant en mondovision ont capté l’attention de tous sur cette énième série de violences xénophobes qui s’est déplacée vers les immigrés africains. Cette fois-ci, il n’est plus question d’une opposition raciale entre Noirs et Blancs, comme l’a été une grande partie de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud avec l’apartheid. Une séquence historique où l’apport des pays africains à un haut niveau et aussi des Africains tout court, a été déterminant dans cette victoire des Noirs sud-africains sur leurs dominateurs blancs. Des archives encore vives dans nos esprits et nos pensées. Si tout cela est oublié, cela veut dire que la mémoire collective de la nation Arc-en-ciel est sélective, et n’est pas effective. Mais toutes ces séquences ne sont pas que les conséquences dont les causes ont été tout rappelées tout le temps. Une faillite d’un leadership politique qui n’a pas pu trouver une issue économique viable et durable à une jeunesse qui a passé tout son temps à se battre durant l’apartheid. Pendant cette période, les populations noires qui ont réussi une scolarisation et une instruction abouties sont infimes et minimes par rapport à l’écrasante majorité de la population. A la fin de l’apartheid, les Noirs qui ont pu s’en sortir, l’ont été grâce à une politique de discrimination positive, appelée pompeusement Black Economic Empowerment (Bee). Une politique d’émancipation économique qui a plus créé une poignée de nouveaux milliardaires privilégiés ayant des accointances avec le Congrès national africain (Anc), surtout chez les anciens syndicalistes qu’elle n’a éradiqué la pauvreté des masses des townships.
L’actuel président Cyril Ramaphosa est un pur produit de ce Black Economic Empowerment. Au finish, les Blacks diamonds, ces diamants noirs issus de la Black Economic Empowerment ne sont pas représentatifs de l’écrasante majorité de la population noire qui s’est battue contre les griffes de l’apartheid.  Même les jeunes qui sont nés dans la période post-apartheid, auxquels sont collés le vocable « Born Free » (nés libres), ne sont pas épargnés par ce manque d’espoir dans lequel vit la jeunesse sud-africaine. Tout ceci n’est que la cause de l’échec des politiques publiques mises en œuvre par l’Anc, parti historique qui règne sans partage depuis l’installation de la démocratie en Afrique Sud, avec l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela. Parti en 1994 sur un immense espoir d’un peuple noir longtemps sous le joug de la domination économique et politique des Blancs, l’Anc n’a pas pu répondre aux aspirations légitimes de populations qui réclamaient travail décent, logements, sécurité, entre autres. 25 ans après, l’Anc est aux abonnés absents sur beaucoup de ses attentes. Très présente sur la scène africaine et mondiale, la nation Arc-en-ciel a besoin d’une stabilité politique intérieure pour mener à bien ses ambitions de pays membre des émergents Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa). Cette dernière séquence du tragique scénario qui se joue actuellement en Afrique du Sud, et en mondovision risque de ne pas être sans conséquence sur son rôle politique et économique en Afrique. Elle est surtout là pour rappeler qu’il reste toujours du chemin à faire à l’Afrique du Sud pour devenir ce que l’universitaire camerounais établi dans ce pays théorisait, Achille Mbembé : « un lieu où s'invente un futur possible pour le continent, un futur afro-politain »….


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