La
dernière séquence de la série de haine contre les étrangers en Afriques a des
conséquences au-delà même de la cohésion sociale dans ce pays appelé à raison,
et peut-être à tort comme une nation arc-en-ciel. Les images à la fois
déroutantes et humiliantes défilant en mondovision ont capté l’attention de
tous sur cette énième série de violences xénophobes qui s’est déplacée vers les
immigrés africains. Cette fois-ci, il n’est plus question d’une opposition
raciale entre Noirs et Blancs, comme l’a été une grande partie de l’histoire
contemporaine de l’Afrique du Sud avec l’apartheid. Une séquence historique où
l’apport des pays africains à un haut niveau et aussi des Africains tout court,
a été déterminant dans cette victoire des Noirs sud-africains sur leurs
dominateurs blancs. Des archives encore vives dans nos esprits et nos pensées.
Si tout cela est oublié, cela veut dire que la mémoire collective de la nation
Arc-en-ciel est sélective, et n’est pas effective. Mais toutes ces séquences ne
sont pas que les conséquences dont les causes ont été tout rappelées tout le
temps. Une faillite d’un leadership politique qui n’a pas pu trouver une issue
économique viable et durable à une jeunesse qui a passé tout son temps à se
battre durant l’apartheid. Pendant cette période, les populations noires qui
ont réussi une scolarisation et une instruction abouties sont infimes et
minimes par rapport à l’écrasante majorité de la population. A la fin de
l’apartheid, les Noirs qui ont pu s’en sortir, l’ont été grâce à une politique
de discrimination positive, appelée pompeusement Black
Economic Empowerment (Bee). Une politique d’émancipation économique qui a plus
créé une poignée de nouveaux milliardaires privilégiés ayant des accointances
avec le Congrès national africain (Anc), surtout chez les anciens syndicalistes
qu’elle n’a éradiqué la pauvreté des masses des townships.
L’actuel
président Cyril
Ramaphosa est un pur produit de ce Black Economic Empowerment. Au
finish, les Blacks diamonds, ces diamants noirs issus de la Black
Economic Empowerment ne sont pas représentatifs de l’écrasante majorité de la
population noire qui s’est battue contre les griffes de l’apartheid. Même les jeunes qui sont nés dans la période
post-apartheid, auxquels sont collés le vocable « Born Free » (nés
libres), ne sont pas épargnés par ce manque d’espoir dans lequel vit la
jeunesse sud-africaine. Tout ceci n’est que la cause de l’échec des politiques
publiques mises en œuvre par l’Anc, parti historique qui règne sans partage
depuis l’installation de la démocratie en Afrique Sud, avec l’arrivée au
pouvoir de Nelson Mandela. Parti en 1994 sur
un immense espoir d’un peuple noir longtemps sous le joug de la domination
économique et politique des Blancs, l’Anc n’a pas pu répondre aux aspirations
légitimes de populations qui réclamaient travail décent, logements, sécurité,
entre autres. 25 ans après, l’Anc est aux abonnés absents sur beaucoup de ses
attentes. Très présente sur la scène africaine et
mondiale, la nation Arc-en-ciel a besoin d’une stabilité politique intérieure
pour mener à bien ses ambitions de pays membre des émergents Brics (Brésil,
Russie, Inde, Chine, South Africa). Cette dernière séquence du tragique
scénario qui se joue actuellement en Afrique du Sud, et en mondovision risque
de ne pas être sans conséquence sur son rôle politique et économique en
Afrique. Elle est surtout là pour rappeler qu’il reste toujours du chemin à
faire à l’Afrique du Sud pour devenir ce que l’universitaire camerounais établi
dans ce pays théorisait, Achille Mbembé : « un lieu où s'invente un futur
possible pour le continent, un futur afro-politain »….