jeudi 12 novembre 2015

Grands Lacs, le virus constitutionnel !



La région des Grands Lacs a cette manie de marquer l’actualité africaine dans le mauvais sens ces 20 dernières années. Entre conflits ethniques, rebellions chroniques, instabilité politique. Cette zone stratégique tant sur le plan économique que géographique est atteinte aujourd’hui par le virus constitutionnel. Cette maladie qui est en train de ronger les démocraties africaines. La démocratie africaine comme un  grand corps malade souvent victime de crises épileptiques ,  avait donné quelques signes d’un rétablissement qui n’était juste que temporaire avec un risque de plonger dans un coma profond. Aujourd’hui après le forcing au Burundi et les velléités de modification constitutionnelle en République Démocratique du Congo, et au Rwanda, c’est le Congo Brazzaville qui s’achemine vers un référendum constitutionnel. Paradoxalement presque, tous les hommes à la tête de ces Etats y sont parvenus par les armes et refusent de quitter le pouvoir par les urnes ou la Constitution. Denis Sassou Nguesso, Paul Kagamé et Pierre Nkurunziza, tous anciens seigneurs de guerre, sont devenus des ciseleurs de Constitution.  La région des Grands Lacs  a payé un lourd tribut dans les conflits qui l’ont secouée ces dernières années  et qui font partie des plus meurtriers de l’ère post Seconde guerre mondiale. Les atrocités commises, tant au Rwanda, dans les deux Congo qu’au Burundi, avaient fait penser que cette zone ne serait plus cet épicentre conflictuel de l’Afrique. Vraie poudrière, la région des Grands Lacs, a donné une telle image du continent qui avait fait penser à beaucoup que l’Afrique était sans issue durant les années 1990.
Malgré le chemin parcouru par des pays comme le Rwanda avec des avancées économiques, le virus constitutionnel est venu remettre en cause toute cette convalescence et croissance. La tentation du troisième mandat, véritable recul démocratique, dénoncée partout, s’est propagée comme un virus parmi les élites dirigeantes de ces pays qui partagent beaucoup de similitudes démographiques, géographiques, politiques. Devenu parrain et doyen de la région, Denis Sassou Nguesso a présenté un projet de référendum pour une modification de la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Une situation qui n’a pas manqué de créer une tension dans ce pays qui a connu une terrible traversée du désert avec ce qu’on appelait « la guerre des milices ». Aujourd’hui, ces acquis sur la pacification du Congo Brazza peuvent être remis en cause avec cette nouvelle instabilité occasionnée par la tentation du troisième mandat. Comme partout en Afrique ces dernières années, elle a soulevé une vague de contestation avec la jeunesse comme fer de lance pour restaurer les acquis démocratiques. La jeunesse africaine comme elle l’a montré dans plusieurs pays, veut ainsi jouer sa partition dans l’évolution démocratique du continent. C’est la partition des puissances occidentales notamment la France qui a fait fausse note. La déclaration de François Hollande  selon laquelle «  le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit, et le peuple doit répondre » est venue ajouter une nouvelle cacophonie à la gamme jouée par la France dans ces régressions démocratiques en Afrique. Une position du président français qui est aux antipodes de ses déclarations sur les modifications constitutionnelles affirmées haut et fort lors de ses  discours aux sommets de la Francophonie de  Kinshasa 2012 et de Dakar en 2014.

mardi 10 novembre 2015

Moise Katumbi, atout puissant de Mazembé


Moise Katumbi est un homme assez spécial. cheval sur le sport et la politique, l’ex gouverneur du Katanga, a pu extraire des potentialités énormes du Congo, un club si puissant qu’il est au rang des meilleurs du continent. Le Tout Puissant Mazembé, a su, à partir des entrailles de  Lubumbashi, se hisser au sommet du foot africain des clubs, en remportant dimanche la League des champions africaine. Longtemps sous la coupe des clubs nord africains, les compétitions africaines de clubs, descendent tout doucement vers l’Afrique subsaharienne. Et ce n’est pas les clubs sud-africains, pourtant supposés les plus riches de l’Afrique au sud du Sahara, qui sont en pointe dans cette remontée. Mais un club venant du Congo. Ce pays au chaos permanent que les colonisateurs belges raillaient à juste titre comme « un scandale géologique ». Avec ses richesses enfouies sous son sol, sa grandeur géographique, la République démocratique du Congo, n’a eu souvent que de petits rôles sur la scène des actualités africaines avec des guerres à répétitions, instabilité politique en succession et drames en mondovision.  Dans ce terrain de désillusions, le football est venu en réconfort avec un club populaire porté par un homme populaire. Seigneur Moise comme on le surnomme dans le Katanga, a donné au peuple congolais un club qu’il a bâti de ses mains et qui représente dans le bon côté son pays. Ce qui n’arrive pas souvent. Homme politique et ancien gouverneur de la riche région du Katanga, Moise Katumbi, longtemps allié politique du président Joseph Kabila, a pris ses distances avec le pouvoir de Kinshasa, ces derniers temps. La  politique n’étant  jamais hors-jeu dans le football, Moise Katumbi, avec cette victoire du TP Mazembé, aura des forces en sus pour enfiler son nouveau maillot d’opposant au Congo où tout est politique. Son club devrait représenter ce nouveau visage que le Congo a le devoir de présenter à l’Afrique et au monde. Que le chaos ne doit pas être le maitre du jeu à Kinshasa, Goma, Lubumbashi, entre autres villes de ce pays continent. Avec des moyens conséquents mis par son président, le Tout Puissant Mazembé est en train de tenir la draguée haute aux grands clubs africains des pays Magrébins et égyptiens. La preuve qu’il a battu une équipe algérienne lors de cette finale avec deux victoires sur les deux matchs.  Composé pas seulement de congolais, le TP Mazembé a en son sein d’autres joueurs africains venus écrire quelques lignes encore de l’histoire de ce club mythique. Surnommé « United nations of Africa », avec le nombre de nationalités qui y jouent, ce club sera certainement à la pointe d’une nouvelle renaissance sportive de la République du Congo et même aussi…. politique